CET ARTICLE EST UNE GRACIEUSETÉ
DE CHRISTIANITY TODAY

NOTE DE L'ÉDITEUR :
Lors de la lecture de cette série d’articles, il sera important d’avoir en tête qu’elle analyse principalement le contexte américain. Il revient donc à chacun・e de dresser des parallèles avec son propre contexte, d’identifier les similitudes et les différences, ainsi que de discerner comment ces modèles se reproduiraient et s’adapteraient en sol québécois.

4e partie

Quel modèle d’implantation d’Église vous convient ? Le modèle missionnel incarnationnel ?

Avant tout, je dois émettre une mise en garde. Je crois que toutes les Églises devraient être missionnelles. Et je crois que les croyants devraient représenter Jésus de façon incarnationnelle.

En réalité, le modèle missionnel incarnationnel se présente sous différentes formes. Pourquoi ? Parce qu’il semble que tout le monde veut être missionnel ; grâce, en grande partie, au théologien et missiologue Darrell Guder et à d’autres comme lui. Pour démontrer la variété à l’intérieur de ce modèle, Craig Van Gelder a écrit un livre dans lequel il énumère toutes les différentes branches missionnelles.

J’aimerais classer au moins les branches de l’approche missionnelle à l’implantation d’Église.

Tout d’abord, certaines implantations d’Église pourraient être classées comme Églises missionnelles « traditionnelles ». Par traditionnelles, je veux dire qu’elles fonctionnent avec une certaine forme d’organisation et de programme de formation de disciples, de même qu’une certaine forme de gestion d’Église structurée.

En réalité, le modèle missionnel incarnationnel se présente sous différentes formes.

Bien que j’aie appliqué des éléments du modèle attractionnel, c’est dans cette catégorie que je classerais certains de mes efforts de ministère. Redeemer Presbyterian Church, de Tim Keller, à New York, et Sojourn Church, de Daniel Montgomery, à Louisville, entreraient aussi dans cette catégorie.

Mais pour cet article, je me concentrerai sur les Églises dont les implantations sont principalement centrées sur un ministère missionnel fait de façon incarnationnelle (et davantage « organique »).

Des implanteurs comme Alan Hirsch et Michael Frost pourraient être placés dans cette catégorie. Hugh Halter, pasteur d’Adullam Community à Denver et auteur de Tangible Kingdom est aussi un autre exemple.

La plupart de ces Églises ressemblent aux Églises missionnelles traditionnelles, mais elles sont généralement plus petites, plus communautaires, etc.

Et, bien sûr, même parmi elles, nous constatons différents degrés, et certaines de ces Églises renoncent à toute structure au point de devenir des « communautés » missionelles incarnationnelles. Bien que beaucoup d’Églises de la sous-catégorie précédemment citée utilisent un langage « communautaire », je parle des mouvements comme le nouveau monachisme, où les gens partagent des repas, une maison, etc., quand ils sont en mission.

Éléments principaux des implantations d’Églises missionnelles incarnationnelles

Bien qu’il existe une certaine variété de modèles d’implantation d’Église missionnelle incarnationnelle, ces Églises ont toutes certaines composantes et certains éléments principaux en commun.

  • Elles veulent incarner la communauté. Se servant de Jean 1.14 comme verset phare, les implantations d’Églises missionnelles incarnationnelles aspirent à être présentes dans les rythmes quotidiens de la communauté.
  • Elles sont extrêmement relationnelles. Au même titre que l’Église primitive qui « avait la faveur de tout le peuple » (Actes 2.47), les adeptes du modèle missionnel incarnationnel cherchent à créer des liens avec les gens, les entreprises et les organismes de la communauté, de même qu’avec les autorités locales.
  • Elles s’engagent dans une mission holistique. Elles tiennent à être une bénédiction pour la ville ou la communauté dans laquelle elles s’établissent. Par conséquent, elles adhèrent à une mission spirituelle, sociale et culturelle.
  • La formation de disciples est la porte d’entrée dans l’Église. En prenant part aux hauts et aux bas de la communauté, en la servant et en l’aimant, et en tissant des liens avec les gens de la communauté, les implantations d’Églises missionnelles incarnationnelles peuvent amener les gens à “appartenir” à la communauté avant de “devenir” des disciples. Mais ce faisant, elles se forment elles-mêmes en une Église.

Les défis

À cause de leur façon d’approcher la ville, la communauté et les gens, tel que cité plus haut, et parce qu’elles adhèrent à une telle mission holistique, les implantations d’Églises missionnelles incarnationnelles sont plus propices dans les régions urbaines post-chrétiennes. Toutefois, ces contextes mènent à une croissance lente et graduelle plutôt qu’à la croissance rapide et constante du modèle attractionnel.

Par conséquent, les implanteurs désirant emprunter la voie missionnelle incarnationnelle devront peut-être évaluer ou réévaluer leur stratégie de financement. Dans de nombreux cas, bien qu’il soit possible de recevoir du financement d’une dénomination, d’un réseau ou d’une Église-mère, il peut être préférable pour l’implanteur missionnel incarnationnel d’opter pour un ministère bivocationnel ou d’acquérir des compétences dans un autre métier.

Les forces, les faiblesses et la reproductibilité des implantations missionnelles incarnationnelles

Le modèle missionnel incarnationnel a de nombreuses forces et c’est un modèle qui me parle beaucoup. Mais, comme nous évaluons les modèles, nous devons aussi faire ceci.

Les Églises missionnelles incarnationnelles sont relationnelles et authentiques, et elles sont axées tant sur la communauté à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église. Elles s’engagent aussi dans une mission holistique, ce qui est bien, selon moi. De plus, comme elles valorisent beaucoup les relations, l’authenticité, la communauté et l’holisme biblique (missionnel), elles performent très bien dans la formation de disciples.

Le modèle missionnel incarnationnel comporte des forces, mais également quelques faiblesses. Tout d’abord, certains adeptes de ce modèle sont en réaction contre l’Église établie. Qu’ils formulent des reproches contre elle ou la dénigrent, ils tentent de s’en éloigner ouvertement.

Deuxièmement, certains implanteurs mettant en pratique ce modèle ont une mission déséquilibrée dans laquelle ils accordent plus d’importance à la démonstration (ou au service) qu’à la proclamation.

Troisièmement, certains adeptes du modèle se sont éloignés d’une orthodoxie ferme et équilibrée. Puisqu’ils estiment les relations, le contexte et la communauté, certains ont laissé le contexte et la communauté façonner leur théologie ou l’interprétation qu’ils font des Écritures au lieu de laisser les Écritures parler pour elles-mêmes et parler dans la communauté et le contexte.

Ainsi, le modèle missionnel incarnationnel – puisqu’il se présente lui aussi sous diverses formes, et avec diverses caractéristiques, en plus de mettre l’accent sur les relations, la communauté et l’holisme missionnel – devrait être attrayant, et il l’est, pour de nombreux implanteurs désireux d’avoir un impact dans les régions urbaines post-chrétiennes.

Au fil du temps, je crois que ce modèle « de rechange » (au modèle attractionnel) pourrait très bien occuper une place de plus en plus importante (et c’est ce qui se passe actuellement).

Ressources supplémentaires

L’article original est disponible sur Christianity Today.

Ed Stetzer, Ph.D., agit à titre de président de la chaire Billy Graham sur l’Église, la mission et l’évangélisation au Wheaton College et sert en tant que directeur exécutif du Billy Graham Center. Il a été pasteur, a implanté et revitalisé des Églises, a formé des pasteurs et des implanteurs d’Églises à travers le monde, est titulaire de deux maîtrises et deux doctorats, et est l’auteur de dizaines d’articles et de livres.

Cet article fut publié antérieurement sur le site de Christianity Today. Utilisé avec permission.
Traduit par Mission Québec. © Christianity Today 2015.