CET ARTICLE EST UNE GRACIEUSETÉ
DE CHRISTIANITY TODAY

NOTE DE L'ÉDITEUR :
Lors de la lecture de cette série d’articles, il sera important d’avoir en tête qu’elle analyse principalement le contexte américain. Il revient donc à chacun・e de dresser des parallèles avec son propre contexte, d’identifier les similitudes et les différences, ainsi que de discerner comment ces modèles se reproduiraient et s’adapteraient en sol québécois.

5e partie

Quel modèle d’implantation d’Église vous convient ? Le modèle d’Église-maison ou organique ?

Dans cet article, je veux continuer ma série sur les modèles d’implantation d’Église, y compris les modèles alternatifs, en vous partageant de l’information sur le modèle d’Église organique/maison/simplifiée.
Votre esprit associe peut-être un personne « organique » aux granolas et aux scooters, mais le nom qui me vient immédiatement en tête quand je pense à l’implantation d’Église organique, c’est Neil Cole. Il fait la promotion du modèle d’Église organique et le met en pratique, et ses écrits sont parmi les meilleurs et les plus attrayants sur le sujet. En fait, d’après nos discussions, Neil mange, boit, dort et respire ce mouvement.

Cependant, certaines terminologies sont associées à certaines personnes. Si je pense aux personnes ayant contribué à ce blogue, Neil Cole est celui que j’associe à l’Église organique, Felicity Dale est souvent associée au modèle d’Église simplifiée, et beaucoup d’autres sont associés au modèle d’Église-maison.

Bien sûr, David Garrison, auteur de Church Planting Movements, est l’un des missiologues les plus connus faisant la promotion des modèles d’Églises simplifiées. Plus récemment encore, Francis Chan – auteur, prédicateur et désormais implanteur d’Église – met dorénavant ces approches en pratique dans son ministère actuel.

Puisque je ne peux pas constamment écrire organique/maison/simplifiée, etc., je l’appellerai le modèle d’Église organique.

Ce modèle est-il répandu ?

Nous entendons beaucoup plus parler des Églises organiques que nous n’en voyons réellement. Je ne dis pas qu’il n’en existe aucun témoignage utile et prometteur, mais puisqu’on a beaucoup écrit sur le sujet, les gens en sont peut-être beaucoup plus conscients.

Par exemple, si vous avez lu George Barna, en particulier son populaire livre Revolution, vous en savez probablement beaucoup sur le mouvement, mais en connaissez très peu d’exemples. J’ai déjà formulé des commentaires sur Revolution, et j’ai exprimé mes craintes à propos de l’ecclésiologie et des nombres.

Pour le moment, nous n’assistons pas à l’émergence massive de ce type d’Églises, et chaque examen du modèle d’implantation d’Église promis dans le monde occidental, industriel et démocratique ne répond pas aux critères dudit modèle d’implantation. Cependant, bien que ce modèle ne soit pas aussi répandu que d’autres, certaines parties et certaines communautés sont prometteuses.

Les composantes et les éléments principaux du modèle d’Église organique

À l’instar des aliments biologiques qui sont dépourvus de tout élément étranger, artificiel, chimique et transformé, les Églises organiques sont dépourvues des commodités modernes de l’Église. Puisqu’ils se concentrent essentiellement à faire des disciples et non à développer une organisation, les adeptes de ce modèle et ceux qui le mettent en pratique ne s’encombrent pas de choses qui pourraient empêcher la multiplication.

Leur devise est : « Faire mieux avec moins. »

Par conséquent, l’Église organique n’aura typiquement que très peu de structure, d’organisation, de programmes et de choses qui en mettent plein la vue – surtout si on la compare au modèle attractionnel ou même aux implantations d’Église missionnelles incarnationnelles. Ceux qui mettent en pratique l’implantation d’Église organique se concentrent habituellement sur une chose : la formation de disciples.

Les fondements bibliques et théologiques et les contextes favorables

Évidemment, les adeptes de ce modèle mentionneront Actes 2 et d’autres passages où l’Église se rencontrait dans les maisons ou « de maison en maison ». Ils vous diront que l’Église primitive n’avait pas de bâtiment d’Église, de programme ou tout autre commodité ecclésiastique dont nous jouissons de nos jours, et que malgré cela, elle croissait et se multipliait. Leur mode de vie simple et incarnationnel attirait les gens.

Et ils ont raison.

Je trouve étrange que certains chrétiens ne reconnaissent pas ce modèle d’Église alors qu’ils ont entre les mains un Nouveau Testament qui décrit essentiellement ce modèle.

Mais ce modèle comporte des défis et il n’a pas connu de succès auprès des implanteurs comme ce fut le cas pour d’autres modèles.

Nous avons remarqué un certain progrès (parfois considérable) dans les régions contrôlées, les pays fermés, les campus d’université, les grands immeubles d’appartement, les régions urbaines ou celles à forte densité de population où le coût de la vie est élevé. Aussi, il se peut que les personnes privées de leurs droits, épuisées ou intimidées par les formats d’Églises plus institutionnalisées ou organisées soient ouvertes à l’Église organique.

Les forces et les faiblesses

Le modèle d’Église organique a de nombreuses forces. Tout d’abord, plusieurs d’entre elles font un travail incroyable dans la formation de disciples ; elles concentrent leurs efforts sur des éléments simples de la formation de disciple, ce qui augmente leur efficacité à se reproduire rapidement. À vrai dire, il s’agit d’un domaine pouvant se révéler utile à tous modèles d’implantation d’Église.

Deuxièmement, les Églises organiques ou Églises-maison envoient généralement des chrétiens dans les sphères du leadership et du service à un taux supérieur aux autres modèles. (Neil Cole décrit cette pratique dans Cultivating a Life for God.)

Troisièmement, étant donné que les Églises-maison n’ont habituellement que l’Évangile et la communauté, c’est ce à quoi ils gagnent les gens. Comme l’a dit Neil Cole : « Ce avec quoi vous les gagnez, c’est ce à quoi vous les gagnez. » Par conséquent, ils n’ont pas à se soucier d’ajouter quoi que ce soit pour que les gens demeurent engagés et divertis — en particulier dans une culture où la capacité d’attention de la société consumériste est bien souvent inférieure à celle d’un moucheron.

Mais c’est aussi une de leurs faiblesses (ou du moins un de leurs défis).

Ce n’est pas dans une Église organique que vous trouverez une excellente louange, ni de très bons enseignements et prédications, ou des programmes sûrs, fiables et stimulants pour les enfants ou les jeunes. Évidemment, puisque ce n’est pas l’objectif de ce modèle ; mais c’est également un défi pour la plupart et une faiblesse pour certains.

Je me rappelle que Felicity Dale m’ait parlé de la comparaison entre son Église simplifiée et les grosses Églises à Austin, et qu’elle ait été assez honnête pour admettre que l’attrait pour une grande communauté, une bonne louange et plus, est important (et, elle me l’a rappelé, l’une des raisons pour lesquelles les grosses Églises ne devraient pas s’inquiéter de perdre des membres au profit des Églises simplifiées ; les grosses Églises ont un grand pouvoir d’attraction sur les chrétiens).

Une autre faiblesse possible, et je l’ai souvent vue, est que les Églises organiques auraient une faible ecclésiologie ; cela veut dire qu’elles ne possèderaient pas nécessairement tous les éléments qui, selon beaucoup de chrétiens, constituent une Église. Cela est particulièrement vrai dans certains recoins du mouvement qui sont composés des enfants frustrés provenant des méga‑Églises évangéliques qui veulent simplement faire l’Église autrement ; par conséquent, les Églises voient le jour davantage en réaction contre quelque chose plutôt que motivées par un raisonnement positif à être pour quelque chose.

Alors, ils se contentent de vivre leur vie ensemble, ce qui est bien, mais ils n’expérimentent pas l’Église, ce qui implique beaucoup plus que de simplement faire partie de la communauté. Expérimenter l’Église, comme le faisaient les Églises organiques du premier siècle, incluait des choses comme la communauté d’alliance, l’enseignement biblique, le baptême, et bien plus.

Conclusion

Comme c’est le cas pour toutes ces descriptions, mon analyse est brève et imparfaite, mais j’essaie de faire un survol des différents modèles. Cependant, je vois de grandes forces dans ce modèle et je suis reconnaissant pour la façon dont certaines des personnes que j’ai mentionnées me stimulent.

Vous pouvez probablement le sentir quand je m’exprime au sujet de personnes comme Neil Cole. Par exemple, dans cet article, je le compare à un homme qui danse torse nu. (Lisez l’article avant de vous demander de quoi il retourne.)

Je suis donc un partisan (et à l’occasion défenseur) des Églises organiques. (J’ai déjà eu à me battre de sorte que j’en ai presque perdu mon emploi.) Je veux plus, pas moins, d’Églises organiques. De plus, je crois que ce modèle aura de plus en plus d’influence dans les années à venir.

Je veux aussi une analyse sérieuse de l’Église organique ; observer ce qui a été fait, mais peut-être sans en exagérer l’impact, comme certains l’ont fait.

D’une façon ou d’une autre, je suis reconnaissant pour tous les implanteurs qui ont hissé la voile dans une nouvelle mer, qui est aussi vieille que l’Église du Nouveau Testament, alors qu’ils se sont joints à la mission de Jésus d’implanter des Églises organiques.

L’article original est disponible sur Christianity Today.

Ed Stetzer, Ph.D., agit à titre de président de la chaire Billy Graham sur l’Église, la mission et l’évangélisation au Wheaton College et sert en tant que directeur exécutif du Billy Graham Center. Il a été pasteur, a implanté et revitalisé des Églises, a formé des pasteurs et des implanteurs d’Églises à travers le monde, est titulaire de deux maîtrises et deux doctorats, et est l’auteur de dizaines d’articles et de livres.

Cet article fut publié antérieurement sur le site de Christianity Today. Utilisé avec permission.
Traduit par Mission Québec. © Christianity Today 2015.