CET ARTICLE EST UNE GRACIEUSETÉ
DE THE GOSPEL COALITION CANADA
TRADUCTION FRANÇAISE FAITE PAR CATHERINE CLOUTIER

Note de l’éditeur:
Les Canadiens oublient parfois la riche diversité du Canada. Mais notre pays s’étend sur trois côtes, dix provinces et trois territoires. Un de nos rédacteurs, Jean-Christophe Jasmin, nous aide à réduire cet écart qui nous sépare dans un même pays en nous donnant des nouvelles de la grande province du Québec. Il nous mentionne dix choses que nous ignorons (peut-être) à propos du Québec.

1.

Les Québécois ont réellement été les premiers « Canadiens »

Comme vous le savez peut-être, l’identité est un thème très important au Québec. Ce que nous appelons « la question nationale », bien qu’elle ne soit plus autant d’actualité que dans les années 1990, est toujours l’enjeu structurant politique principal dans la politique québécoise. Le libéralisme et le conservatisme sont encore relégués au second plan par rapport à la question sur la nécessité pour le Québec de former ou non une nation indépendante. Toutefois, vous ignorez peut-être que les Québécois n’ont commencé que récemment à s’identifier comme Québécois. À l’époque du régime français, les habitants de la métropole appelaient les colons des « Canadiens », car ils reconnaissaient, en ces colons rustiques, une nouvelle nationalité émergeant de la fusion des cultures françaises et amérindienne.

Après la conquête, les nouveaux arrivants dans ce qui devenait désormais le Canada se nommaient eux-mêmes Anglais, Écossais, etc. alors que les locuteurs francophones s’identifiaient comme Canadiens. Pendant que le Canada anglais formait sa propre identité en tant que « Canada », les anciens Canadiens ont changé leur appellation, d’abord en Canadiens français au début du 20e siècle, puis en Québécois au moment de la révolution tranquille. C’est un vrai casse-tête!

2.

Il a des origines protestantes

L’édit de Fontainebleau interdisait aux protestants français d’émigrer dans les colonies, mais de récentes recherches historiques suggèrent que de nombreux pères fondateurs de la nation étaient d’origine Huguenot. Parmi eux, notons Samuel de Champlain (fondateur de la ville de Québec), Laviolette (fondateur de Trois-Rivières), Pierre du Gua de Monts (fondateur de Tadoussac et de Port Royal).

Un spécialiste français de la généalogie a mis la main sur l’acte de baptême de celui qu’on considère comme le père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain (…) Il était protestant et il a été baptisé à La Rochelle.1

3.

Ses Églises ont des racines européennes

Bien que les Églises évangéliques du Québec aient bénéficié du soutien constant des Églises du Canada anglais et des États-Unis, c’est en fait à des missionnaires suisses francophones qu’elles doivent l’établissement de leurs premières Églises. En 1834, Henriette Feller et Louis Roussy ont été envoyés au Bas-Canada par la société des missions évangéliques de Lausanne et ont établi un réseau d’Églises sur la rive sud de Montréal, dont quelques-unes, comme l’Église Roussy Memorial à Saint-Blaise-sur-Richelieu, sont encore actives à ce jour.

4.

Ses Églises sont vraiment multiethniques

Vous croyez peut-être qu’une Église évangélique au Québec est composée, le dimanche matin, d’un groupe de blancs, francophones, vêtus de chemises à carreaux et qui mangent de la poutine. Je porte effectivement des chemises à carreaux et c’est une tradition dans ma famille de manger de la poutine pour dîner le dimanche, mais l’Église au Québec est très multiethnique et diversifiée. Je dirais que l’immigration est un facteur important à la croissance des Églises évangéliques au Québec. La majorité de ces chrétiens vient de pays francophones de l’Afrique ou d’Haïti, mais un grand nombre vient de l’Amérique latine. Dans l’Église où je sers, j’estime que plus de personnes parlent français et espagnol, ou français et créole, que français et anglais.

Église Évangélique Baptiste de Pointe-aux-Trembles, à Montréal.

5.

Le réveil des années 1970

Dans son livre où il raconte l’oeuvre de son père comme pasteur au Québec, D. A. Carson remarque ceci : « Dans les années 1970, l’oeuvre évangélique a explosé dans le Canada français. Comptant au départ environ quarante Églises, elle a connu une énorme croissance jusqu’à atteindre pas loin de cinq cent Églises et lieux de rassemblement avant de se fixer à un peu plus de quatre cent. » Les effets de ce réveil se font encore sentir de nos jours au Québec puisque l’Église née de ce réveil était, en grande partie, une jeune Église composée de baby-boomers passionnés qui avaient appris à être l’Église « sur le tas » comme on dit au Québec.

De nos jours, la plupart des chrétiens nés au Québec sont des chrétiens « de première génération ». Cette génération a été la première à élever des enfants dans l’Église, à acheter des bâtiments, ou à débuter des classes d’école du dimanche.

6.

Le Canada a failli ne pas être britannique

Il semblerait que durant les négociations pour le Traité de Paris, après la guerre de Sept ans (et la conquête du Canada par la Grande-Bretagne), personne ne savait quoi faire du Canada. La France préférait garder le contrôle de ses avant-postes dans les Caraïbes, et la Grande-Bretagne était réticente à intégrer une colonie qui rappelait à ses propres colonies nord-américaines leur besoin de la protection de la Couronne britannique. À contrecoeur, la Grande-Bretagne a ajouté la « province de Québec » à son portfolio et ainsi changé l’histoire du continent.

7.

Je me souviens

La devise du Québec est : Je me souviens. Ironiquement, personne ne sait de quoi nous sommes censés nous souvenir. La devise a été intégrée dans la construction de l’édifice du Parlement à Québec par son architecte, Eugène-Étienne Taché, mais personne ne sait pour quelle raison exactement.

Il semblerait qu’elle fait référence à l’histoire du Québec (ce que l’édifice du Parlement tente de commémorer par le biais de nombreuses statues de personnages historiques importants). La petite-fille d’E-E Taché a avancé une théorie intéressante selon laquelle la devise proviendrait de la première partie d’un poème reconnaissant l’héritage biculturel du Québec : « Je me souviens que né sous lys (fleur de la monarchie française), je croîs sous la rose (fleur de la monarchie anglaise). »

8.

Une terre missionnaire

Le Québec est considéré comme le groupe de personnes non-atteintes le plus nombreux de l’Amérique du Nord avec une population non évangélique estimée à environ 99,3 % (mais la façon dont le recensement canadien étudie la religion depuis 2001 a vraiment brouillé les cartes). Il est parfois difficile pour d’autres chrétiens canadiens d’imaginer ce que représente cette simple proportion de personnes non atteintes dans la vie quotidienne. Je me rappelle avoir fréquenté une école secondaire de 1500 étudiants à Montréal et n’y avoir jamais rencontré d’autres chrétiens. Il m’est très rarement arrivé de travailler dans un endroit où travaillait un autre croyant.

9.

L’« anti-Rhode-Island » du monde occidental

Voici ce que j’entends par là : l’état du Rhode Island a la particularité historique d’avoir été le premier état à signer la Déclaration d’indépendance, mais le dernier à ratifier la Constitution des États-Unis.

Dans les années 1960, le Québec a été parmi, si ce n’est la dernière culture chrétienne à passer par le processus de sécularisation. Mais quand il l’a fait , il s’est lancé à plein régime dans le modernisme (et postmodernisme) :

  • Il a joui du plus haut taux de naissance dans l’ouest dans les années 1960, pour terminer avec un des plus faibles taux dans les années 1980.
  • Il occupe le premier rang en matière d’union de fait dans l’ouest.
  • Le pourcentage de la population qui fréquente une église est passé du plus élevé au plus bas.
  • Le taux de suicide est passé du plus bas au plus élevé.

10.

The Gospel Coalition existe à cause du Québec

J’admets y être allé un peu fort avec la formulation ici. Malgré le fait que SOLA semble être le petit frère de TGC Canada, rappelez-vous qu’un des cofondateurs de The Gospel Coalition est né et a grandi au Québec, un vrai Québécois! Vous ignorez peut-être que D. A. Carson parle bien français (très bien après avoir passé quelques jours dans la Belle Province en fait!) et que le Québec a toujours occupé une place spéciale dans son coeur.

Jean-Christophe Jasmin fait partie de l’équipe éditoriale de TGC Canada et sert en tant que pasteur à l’Église Évangélique Baptiste de Pointe-aux-Trembles (Union), il fait aussi partie de l’équipe de direction de SOLA. Il est né et a grandi dans la région de Montréal et a obtenu une M.A. en Science-Politique de l’université d’Ottawa en 2010. Il est marié à Sandra et est père de trois enfants : Victoria, Adam et Ézékiel.

TGC

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