CET ARTICLE EST TIRÉ DU
BLOGUE DE CONVERGENCE QUÉBEC
PARTENAIRE DE MISSION QUÉBEC

Cet article est la deuxième partie d’une série de 3 sur l’importance d’être « présent » pour notre épanouissement humain et spirituel. Suivez le lien qui suit pour lire la première partie : « La merveille de l’incarnation ».

« Tout comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »1

Je suis convaincue que si nous voulons vraiment vivre en mission selon le modèle biblique, nous devons porter attention à l’espace où nous vivons. Après tout, si nous sommes envoyés, nous devons être envoyés quelque part… non?

La première fois que j’ai réfléchi à mon emplacement physique de façon théologique, c’était au travers d’un tout petit livre que j’ai trouvé en vente à 1 $. Ce livre2 est essentiellement une introduction à la théologie du lieu pour le commun des mortels. L’auteur suivait le thème du lieu dans le récit biblique et montrait que l’Évangile, sous cet angle, nous aide à mieux suivre Jésus aujourd’hui. Une des choses que le livre abordait était le problème du platonisme dans notre vision de la vie chrétienne. C’est la croyance à la base de notre tendance évangélique à dévaloriser le monde matériel qui donne, par moments, des pensées maladroites telles que :

« C’est toujours préférable de prier pour tes amis plutôt que de passer du temps avec eux. »

« Un chrétien n’est pas obligé de se préoccuper de l’environnement. De toute façon, ça va partir en fumée! »

« Je me sens coupable d’apprécier le moment présent alors qu’il y a tant à faire pour se préparer à l’éternité. »

Il faut se rendre à l’évidence : notre théologie du lieu influence nos actions sur terre. C’est parfois difficile de réconcilier la bonté de Dieu avec son jugement du péché. La création est bonne mais brisée : mais comment quelque chose de brisé peut-il rester bon? Néanmoins, il est intéressant de constater que ce n’est pas en dévalorisant le monde matériel (ou le moment présent) que nous allons nécessairement apprécier davantage le monde spirituel (ou éternel). Nous avons beau ne pas être de ce monde, nous sommes toutefois ici, que nous le voulions ou non!

il est intéressant de constater que ce n’est pas en dévalorisant le monde matériel (ou le moment présent) que nous allons nécessairement apprécier davantage le monde spirituel (ou éternel). Nous avons beau ne pas être de ce monde, nous sommes toutefois ici, que nous le voulions ou non!

En Jésus, il n’y a plus de séparation entre le sacré et le séculier. Toute la vie est donc vécue en présence de Dieu. Et grâce à son Esprit, le lieu très saint du tabernacle des temps anciens nous colle à la peau, partout où nous allons. De plus, Jésus nous envoie comme il a lui-même été envoyé. Comment? En débarquant dans le quartier de l’humanité, si l’on veut3.

Il y a quelques années, je me préparais à partir en voyage missionnaire et il y avait un certain malaise en moi que je tentais de refouler parce que l’endroit était une destination très touristique. Mais avant le début du voyage, l’un des leaders a mentionné quelque chose qui a profondément bouleversé ma façon de voir la mission. Il nous conseillait :

« Lorsque vous avez terminé vos activités pour la journée, ne rentrez pas tout de suite chez vous. Allez visiter la ville avec les gens que vous rencontrez et n’en ayez pas honte! Nous ne voulons pas juste proclamer la Bonne Nouvelle là-bas, nous voulons aussi apprendre à aimer les gens et les honorer en aimant leur ville. Jésus y est déjà et un jour toute la ville sera au courant. »

Pour pouvoir aimer, il faut prendre le temps de remarquer et de connaître. Bien connaître. Je ne sais pas s’il est possible de vraiment connaître quelqu’un indépendamment d’où il vient. Je ne sais pas non plus s’il est possible de vivre de façon « missionnelle » sans porter attention à l’endroit où l’on se trouve, autant à sa beauté qu’à son besoin. Au fond, les lieux doivent compter pour nous parce qu’ils sont le théâtre de l’œuvre divine. Oui, nous vivons dans un monde brisé, un monde qui a mal, mais ce sont seulement des « douleurs de l’enfantement », comme le dirait Paul. Un jour, même ce qui est terrestre aura part « à la glorieuse liberté des enfants de Dieu » (Romains 8.20-21).

Élizabeth est équipière avec Pouvoir de Changer depuis plusieurs années. Pendant ces années, elle a travaillé avec de nombreux étudiants et jeunes adultes dans les cégeps et universités du Québec. Elle décrit son rôle inhabituel et souvent mal compris comme ceci : Aumônière. Guide de vie spirituelle dans un établissement non religieux. Vous pouvez suivre ses articles sur www.convergencequebec.com.