CET ARTICLE EST UNE GRACIEUSETÉ
DE THE GOSPEL COALITION
TRADUCTION FRANÇAISE FAITE PAR ÉVANGILE21
Il est facile d’être critique. Une fois j’écoutais un enseignant d’un pays d’Europe exposer, dans un séminaire américain, les méfaits des missions à court terme. C’était un exposé hautement critique (avec lequel j’étais hautement en accord), mais il ne donnait aucune direction pour déterminer ce qui était approprié pour des missions à court terme. Je ne pense pas qu’il réalisait qu’il participait effectivement à quelque chose que je définirais comme voyage missionnaire à court terme – une visite intensive à temps plein dans une autre culture pour une période concentrée de ministère vocationnel.
Dans le premier article j’ai relevé quelques-uns des problèmes entourant les missions à court terme. Je désire maintenant offrir une voie pour aller plus loin.
Changer le nom
Ceci peut n’être qu’une préférence personnelle, mais je pense qu’il serait utile de changer l’expression « missions à court terme » par « ministère à court terme. » Je crois que le titre de missionnaire devrait être réservé à ceux qui s’engagent à vivre dans une autre culture pour une durée minimale d’un an. Ainsi nous vivons tous en mission dans le contexte dans lequel Dieu nous a placés, et quand nous laissons ce cadre pour une courte période de temps afin de nous concentrer sur un ministère ciblé, nous participons à un ministère à court terme. Si nous allons servir dans une autre culture, nous devrions appeler cela « ,ministère à court terme transculturel. »
Le ministère à court terme transculturel devrait être une extension du ministère local
Au risque de formuler une évidence, je dis que votre ministère à court terme devrait être une extension de votre ministère local. Si vous avez des milliers d’Hispaniques dans votre quartier, mais que vous ne vous occupez des Hispaniques que quand vous envoyez une équipe à court terme au Mexique, votre mission locale souffre d’une lacune. Près de mon Église se trouve une forte concentration de Musulmans de Somalie. Avant que notre Église n’envisage d’envoyer une équipe à court terme en Somalie pour y atteindre les Musulmans, elle devrait d’abord considérer de servir et d’atteindre les voisins que Dieu nous a amenés. Cela ressemble à La Grande Mission à l’envers. Le ministère local et le ministère à court terme transculturel ne devraient pas être en concurrence l’un avec l’autre ; les deux devraient plutôt faire partie de la vision de votre Église.
DEMANDEZ AUX MISSIONNAIRES
Pour vous garder de faire du mal non intentionnel, demandez directement aux missionnaires que soutient votre Église et à qui elle fait confiance s’ils auraient besoin qu’une équipe vienne pour les aider. Ces missionnaires peuvent aussi vous donner des commentaires utiles provenant de leur expérience et de leur compréhension. Assurez-vous qu’ils se sentent libres de dire « non » et de dicter les détails du voyage, comme par exemple le nombre de personnes qui devraient venir. Je connais un missionnaire qui demanda huit personnes et à qui l’Église répondit en en envoyant plus de 100 jeunes. Nous devons écouter! Quelques-uns des meilleurs voyages à court terme impliquent seulement deux ou trois amis envoyés par l’Église pour visiter un missionnaire dans un endroit difficile. Si votre Église ne soutient pas de missionnaire à long terme, je suggérerais qu’elle commence par le faire avant de considérer l’idée d’un ministère à court terme transculturel.
CONCENTREZ-VOUS SUR DES PARTENARIATS À LONG-TERME AVEC DES ÉGLISES LOCALES
L’étape suivante est de travailler premièrement avec des Églises locales en ayant une vision à long terme. Quand votre équipe de ministère à court terme quitte un endroit particulier, les Chrétiens continuent d’y vivre et d’y travailler. Votre désir devrait être de servir selon la demande et sous la direction des conducteurs de l’Église locale. Votre disposition d’esprit devrait être celle d’un apprentis suivant humblement les directives des conducteurs locaux. Vous devez faire très attention, spécialement quand de l’argent est impliqué. Mais si vous réussissez à établir un bon niveau de confiance, les voyages les plus efficaces seront des extensions d’autres ministères de l’Église. Cela pourrait conduire à envoyer moins d’équipiers pour un ministère plus efficace. Par exemple, une Église de l’Inde a un orphelinat, une école de formation pastorale et une expérience d’implantation d’Églises dans des villages non-atteints par l’Évangile. Elle n’a pas besoin d’équipes de gens pour faire des projets qu’elle sait déjà faire. Elle a besoin de fonds. Je suis familier avec ce ministère, et le pasteur qui le dirige est un bon ami. De petites équipes sont allées en voyage là-bas pour évaluer ces besoins. Avec l’aide de quelques Églises et organisations qui ont fourni les fonds indispensables, ils ont maintenant de quoi héberger les enfants (hébergement que le ministère en Inde a construit avec de la main d’œuvre locale employée par l’Église), un endroit pour former leurs pasteurs et un programme de soutien pour aider un pasteur formé à implanter une Église dans des endroits non-atteints. Si vous vous demandez comment soutenir des pasteurs de manière à ce qu’ils ne deviennent pas dépendants, lisez ces articles bien utiles. Ainsi, au lieu de dépenser 30 000 $ pour 10 personnes qui vont construire et peindre des bâtiments, nous dépensons le tiers de cet argent à explorer un partenariat à long terme et le reste pour fournir du travail aux Indiens et un soutien à long terme pour le ministère. Si un scénario similaire se présentait dans des régions d’Afrique, je serais beaucoup plus prudent. Mais dans cette situation très spécifique, un partenariat à long terme garantit aux deux parties un bénéfice mutuel qui, je le crois, honore Dieu et l’Évangile.
CESSEZ LES SECOURS D’URGENCE QUAND C’EST LE MOMENT
L’un des problèmes avec les missions à court terme est que nous sommes coincés dans les œuvres de secours d’urgence. Nous peignons et bâtissons des maisons, portons des bébés et donnons des cadeaux. Nous faisons cela parce que presque tout le monde dans les Églises peut être impliqué. Ce type de travail fait que chacun se sent bien mais il blesse parfois les gens. Le secours d’urgence est approprié pour de courtes périodes, mais si vous voulez vous impliquer dans le soulagement de la pauvreté physique et utiliser cette plateforme pour partager l’évangile et soulager la pauvreté spirituelle, vous devez passer à l’étape du travail de développement. C’est plus difficile, cela prend plus de temps, mais c’est certainement une meilleure forme de ministère de miséricorde et de justice.
PRÉPAREZ-VOUS RÉELLEMENT
Vous pouvez vous épargner ainsi qu’aux autres beaucoup de trouble en ayant un dirigeant d’équipe capable qui peut vraiment former ceux qui sont envoyés par votre Église. Si le premier but de votre voyage est de changer les gens que vous envoyez, je pense qu’il vaut mieux rester à la maison. Notez bien – j’ai dit premier ! Toute la vie est un appel à faire des disciples, et cela inclut les gens de votre Église. Les envoyer vers une autre culture peut certainement être une partie du processus de discipolat (cela peut au moins l’être en Occident). Dans mon Église locale il existe un engagement d’un an à faire partie d’une équipe de ministère à court terme, qui inclut une partie de préparation et de prière avant le départ ainsi qu’un suivi à la fin du voyage. Chaque membre de l’équipe doit avoir un certain niveau de compétence en ce qui concerne la compréhension du ministère transculturel. L’Église évalue chaque projet après coup, pour vérifier si les équipes font quelque chose que l’Église locale fait ou devrait faire. Elle peut, le cas échéant, cesser l’envoi d’équipes.
Évaluez votre voyage au moyen de l’utile grille de ressources
Il existe un bon nombre de ressources très utiles pour vous aider à concevoir un voyage à court terme. Je vous en donne deux ici afin que vous puissiez poursuivre votre propre recherche.
Critères d’excellence pour la mission à court terme ❏
- Centralité de Dieu
- Partenariats qui responsabilisent
- Projets mutuellement conçus
- Administration exhaustive
- »Direction qualifiée
- Préparation appropriée
- Suivi minutieux
Une charité toxique ❏
- Ne jamais faire pour les pauvres ce qu’ils ont (ou pourraient avoir) la capacité de faire pour eux-mêmes.
- Limitez les dons à sens unique aux seules situations d’urgence.
- Efforcez-vous de rendre les pauvres autonomes par la création d’emplois, le crédit et l’investissement, n’utilisant les subventions que parcimonieusement et pour renforcer ce qui a déjà été fait.
- Subordonnez vos intérêts personnels aux besoins de ceux que vous devez servir.
- Écoutez avec soin ceux qui cherchent à aider, écoutez spécialement ce qui n’est pas dit – les sentiments non-exprimés peuvent contenir des pistes pour un service efficace.
- Par-dessus tout, ne faites pas de mal.
UN MOT POUR LES PASTEURS
Bon nombre de participants à des ministères à court terme trouvent leur soutien par leurs propres moyens auprès de personnes qui sont en-dehors de leur Église locale. Aussi le seul moyen de canaliser la générosité dans la bonne direction demeure, pour les pasteurs, d’en parler du haut de la chaire. Pasteurs – dans votre application de l’Écriture pour ce qui relève du discipolat, des missions, des enjeux de miséricorde et de justice, de l’évangélisation et de l’argent, parlez à votre assemblée des missions à court terme. Conduisez vos anciens et les gens que le Seigneur vous a confiés. S’il vous plaît, impliquez-vous dans le secours d’urgence pour la famine théologique. L’organisation pour laquelle je travaille est constamment à la recherche de pasteurs que nous pouvons former et envoyer pour former,, partout sur la terre, des pasteurs qui n’ont que peu ou pas d’accès à la formation théologique.
Un mot de conclusion pour tous
Il existe une tendance dans les cercles que je fréquente à vouloir tout faire correctement, à discuter chaque scénario, à examiner toute embûche possible, et, dans notre préparation, à faire passer toute personne par un processus qui fait penser à un camp d’entraînement. Mais la beauté du ministère de l’évangile c’est que Dieu n’est pas menotté par notre folie. Il continue d’accomplir ses projets parmi les nations. Face à tout mal que nous pourrions causer, Dieu en utilise d’autres que nous pour réaliser de grands progrès pour l’évangile. Ainsi devenez un Chrétien global réfléchi. Pensez de manière critique à l’engagement transculturel. Plaidez coupables si vous faites du mal à l’Église dans d’autres cultures. Mais sachez que, à la fin, Dieu est toujours sur son trône et son œuvre sera accomplie.
Ressources complémentaires
Livres sur les missions à court terme :
- Serving with Eyes Wide Open (Servir avec les yeux grand ouverts) par David Livermore
- Teaching Cross-Culturally: An Incarnational Model for Learning and Teaching (Enseigner de manière trans-culturelle : un modèle incarnationnel pour apprendre et enseigner) par Sherwood et Judith Ligenfelter
- Leading Cross-Culturally (Diriger de manière transculturelle) par Sherwood Lingenfelter
- Leading Across Cultures: Effective Ministry and Mission in the Global Church (Diriger au travers des cultures : un ministère et une mission efficaces dans l’église globale) par Jim Plueddemann
- Reaching and Teaching: A Call to Great Commission Obedience (Atteindre et enseigner : un appel à obéir à la Grande Mission) par David Sills
- Effective Engagement in Short-Term Missions: Doing It Right! (Un engagement efficace dans la mission à court terme : bien le faire !) édité par Robert Priest
- Short-Term Mission: An Ethnography of Christian Travel Narrative and Experience (La mission à court terme : une ethnographie de la narration et de l’expérience du voyage chrétien) par Brian Howell (à paraître)
Des livres relatifs aux enjeux économiques et aux missions :
- Toxic Charity (Charité toxique) par Robert Lupton
- When Helping Hurts (Quand l’aide fait du mal) par Brian Fikkert et Steve Corbet
- Dead Aid (Aide mortelle) par Dambisa Moyo (lisez la critique) par Michael Gerson)
- Money, Greed, and God (L’argent, la cupidité et Dieu) par Jay Richards
Articles et documents:
- Une philosophie des missions court-terme à l’église Cornerstone, écrit par Preston Sprinkle, professeur à Eternity Bible College
- Le tourisme de la pauvreté peut nous rendre tellement reconnaissants par Kent Annan
- Robert J. Priest et Joseph Paul Priest, “They See Everything, and Understand Nothing: Short Term Mission and Service Learning,” (« Ils voient tout et ne comprennent rien : mission court-terme et apprentissage du service ») Missiology 34 (2006).
- Robert J. Priest, et al., “Researching the Short-Term Mission Movement,” (« Recherches sur le mouvement de la mission à court terme ») Missiology 34 (2006).
Darren Carlson est le fondateur et président de Training Leaders International. Il est diplômé de la Trinity Evangelical Divinity School, où il a obtenu un master of divinity et un master of theology du Nouveau Testament, il a aussi un doctorat (PhD) de la London School of Theology.