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BLOGUE DE CONVERGENCE QUÉBEC
PARTENAIRE DE MISSION QUÉBEC
TA RAISON D’ÊTRE EST BIEN PLUS QU’UNE TÂCHE À ACCOMPLIR
Nous vivons à l’ère de l’efficience et de la recherche du plaisir. Pour certains, l’unique but de la vie semble être de se divertir le plus efficacement possible. Toute une industrie s’est même constituée autour de cette philosophie. Netflix a compris comment ça marche. Lorsque tu écoutes ton émission préférée en lecture continue, as-tu remarqué que la chanson thème disparaît entre les émissions? Nous n’avons pas une seule seconde à perdre. Il nous faut au plus vite continuer de regarder un écran assis sur notre derrière. L’efficience l’exige.
Bien que nos habitudes de divertissement puissent être problématiques pour notre santé émotionnelle, intellectuelle et spirituelle (et physique), ce n’est pas ce qui me préoccupe en rédigeant cet article. Je crois que la pandémie de l’efficience a infecté beaucoup plus que nos habitudes de divertissement. Son effet se voit même dans la manière dont nous abordons nos pratiques spirituelles individuelles et collectives.
Lorsque notre valeur provient de nos accomplissements, nous n’avons qu’une seule option : mieux performer. Et lorsque nous ne réussissons pas, nous n’avons aucun recours.
Nous parlons souvent d’avoir un impact sur la société. Nous voulons changer le monde, et bien que nous ayons changé nos priorités dans les dernières années pour refléter une perspective beaucoup plus locale, nous voulons néanmoins être catalyseurs de changement. Nos objectifs, je dirais même notre raison d’être, se définissent principalement par ce que nous réussissons à faire. Avec cette vision des choses, il n’est pas surprenant que les chrétiens soient en proie aux mêmes difficultés que le reste de la population : anxiété, isolement, difficultés relationnelles, dépression… Lorsque notre valeur provient de nos accomplissements, nous n’avons qu’une seule option : mieux performer. Et lorsque nous ne réussissons pas (à nos propres yeux ou aux yeux des autres), nous n’avons aucun recours.
Être avant d’agir
Je veux avoir un impact. Je veux que ma vie serve à accomplir des choses belles et bonnes et qui vont durer à long terme. Le grand nombre de ministères dont le nom comporte le mot « impact » démontre à quel point cette valeur est répandue dans la culture chrétienne actuelle. La plupart des chrétiens voient dans cette idée une chose positive et désirable, une chose au coeur de ce que Dieu veut pour nous. Je ne les contredis pas, puisqu’il s’agit d’une idée solidement biblique (Jean 14.12; 15.16). Mais je veux nous mettre en garde. Si notre objectif premier est d’avoir un impact, il sera très difficile pour nous de ne pas chercher à atteindre cet objectif de la manière la plus efficace. Or, notre vie ne peut être fondée là-dessus.
L’efficience a sa place dans la sphère technologique. Depuis plusieurs siècles, les êtres humains ne cessent d’inventer des machines de plus en plus performantes et de peaufiner celles qui existent déjà. L’évolution de la machine atteint des sommets toujours plus élevés. Mais les êtres humains ne sont pas des machines et nous commettons une grave erreur lorsque nous essayons de vivre comme si c’était le cas.
…les êtres humains ne sont pas des machines et nous commettons une grave erreur lorsque nous essayons de vivre comme si c’était le cas.
Les besoins des êtres humains ne sont pas les mêmes que ceux de l’univers technologique que nous avons construit. Les objets servent à un but. Atteindre ce but plus efficacement est donc une bonne chose. Les êtres humains existent afin de refléter de mieux en mieux l’image de leur créateur dans le monde où il les a placés. Il peut être tentant de vouloir « imager efficacement » le Dieu de l’univers, mais c’est en fait chose impossible lorsque nous comprenons la nature d’une telle entreprise.
Dieu est. Ensuite, Dieu fait. Pour ne prendre qu’un seul exemple biblique, lorsque Dieu s’est révélé à Moïse depuis le buisson ardent, il a déclaré que son nom est « Je suis celui qui est ». Les caractéristiques de Dieu peuvent être perçues sous une panoplie d’angles. C’est pourquoi nous avons de multiples noms pour Dieu à travers la Bible qui nous révèlent tous un aspect important de son caractère : El Shaddaï, Jehovah Jireh, etc. Mais lorsqu’il est question de son identité fondamentale, Dieu est, point final. Rajouter quoi que ce soit à cette révélation consiste à limiter notre compréhension de lui.
Ce n’est qu’après s’être révélé à Moïse en tant que « celui qui est » que Dieu l’a envoyé en Égypte délivrer son peuple. « Il a révélé à Moïse de quelle façon il agit, et montré ses hauts faits au peuple d’Israël. » (Psaume 103.7) Moïse a entretenu une relation unique et sans pareille avec Dieu pendant sa vie. Il a accomplides prodiges au nom de Dieu, maisa néanmoins été inscrit dans l’histoire du peuple d’Israël comme « un homme très humble, plus humble que n’importe quel homme à la surface de la Terre » (Nombres 12.3). Moïse a reçu cet éloge parce qu’il ne cherchait pas avant tout à avoir un impact, seulement à connaître Dieu et ses voies (de quelle façon il agit ). ll devrait en être de même pour nous. Si nous voulons avoir un impact au final, notre préoccupation première devrait être de connaître Dieu et de prêter l’oreille à sa voix.
La transformation intérieure
Puisqu’il en est ainsi, devrions-nous chercher à nous isoler au fond d’un désert comme Moïse ou les pères et mères de l’Église primitive? Le Sinaï désertique est, après tout, un endroit plutôt bien réputé pour les rencontres divines. Ou bien, sans aller à un tel extrême, devrions-nous nous préoccuper seulement de notre vie spirituelle personnelle sans nous soucier d’en faire bénéficier ceux qui nous entourent? Je ne crois pas. Ce qu’il nous faut est de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, après quoi, selon la promesse de Jésus, tous nos autres besoins seront comblés par-dessus. Et le royaume de Dieu n’est pas un club exclusif entre nous et Dieu. Notre bien est intimement lié au bien de ceux qui nous entourent.
Si nous voulons avoir un impact au final, notre préoccupation première devrait être de connaître Dieu et de prêter l’oreille à sa voix.
Nous connaissons tous des gens qui sont attrayants de par leur tendresse et leur accueil. Ces gens semblent ne pas pouvoir haïr ou détester qui que ce soit, bien qu’ils subissent les mêmes frustrations et injustices que le reste d’entre nous. Ces personnes transmettent une paix qui console, une joie qui inspire et une constance qui nourrit l’espérance. Nous voulons être en leur présence, car nous savons que ce sont des personnes comme elles que nous sommes appelés à devenir.
Leur existence est un mystère. Il est rare que ces personnes soient des « leaders » dans un domaine quelconque. Ou si elles le sont, tu pourrais les connaître pendant des années avant de le découvrir. Elles n’élèvent pas la voix, se pointent rarement aux « happenings » et ne sont pas toujours habillées à la mode. Mais elles sont vraiment présentes quand tu es avec elles et leur écoute est réelle. Elles savent poser les questions qui vont droit au coeur de nos souffrances et savent créer un endroit sûr pour nos confidences. Elles connaissent Dieu intimement et quand elles en parlent, cela nous libère. Pourquoi sont-elles comme ça?
Ces personnes ne sont pas différentes de toi ou de moi de par leur nature. Elles ont tout simplement répondu à l’appel de suivre Jésus. Avec le temps, et à travers les défis et les épreuves, elles ont grandi vers « la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4.13). L’empathie et la grâce que ces personnes manifestent correspondent directement à la façon dont elles ont su répondre, avec l’aide de Dieu, aux situations et aux personnes difficiles qu’elles ont croisé sur leur chemin. Les personnes qu’elles sont devenues sont le résultat des décisions intentionnelles qu’elles ont prises depuis de longues années.
Ce qu’elles sont se manifeste maintenant à travers ce qu’elles font. Ces personnes ont fréquemment une influence démesurée quand bien même elles passent leur vie entière dans l’ombre. Elles ne sont pas parfaites et n’ont pas attendu d’atteindre un « niveau de spiritualité élevé » avant de commencer à avoir un impact sur la vie des gens. Elles ont simplement priorisé la transformation de leur vie intérieure avant le développement de leur impact sur le monde extérieur. C’est contre-intuitif et contre-culture, mais c’est de cette manière que Dieu a toujours changé le monde.
Bien que nous vivions dans une société où l’efficience et l’impact sont élevés au statut de valeurs primordiales, Dieu n’a pas changé ses priorités pour l’humanité ni sa façon de procéder pour nous transformer. Dieu désire que tu aies un impact. Aujourd’hui, il t’invite à emprunter le chemin qu’il a désigné pour y arriver.
Jeremy Favreau