Jean-Denis Desbiens est un Québécois vivant en Colombie-Britannique depuis plusieurs années. Mais depuis quelques temps, Dieu lui met à coeur de revenir au Québec pour servir en tant que missionnaire. Il raconte son histoire dans une entrevue réalisée par Jonathan Clermont.
Qui es-tu et comment es-tu devenu croyant?
JD: J’ai grandi dans la belle région de Saguenay, au Québec. J’ai grandi dans une famille catholique typique, non pratiquante, qui n’allait à l’église que deux fois par an, à Noël et à Pâques, par culpabilité autant que par tradition. J’étais curieux de connaître Dieu et de donner un sens à ma vie, mais je n’ai jamais cherché de réponses à mes questions dans la tradition catholique, cela ne m’interpellait tout simplement pas.
Pourquoi as-tu décidé de quitter le Québec pour la Colombie-Britannique?
JD : En 2002, je sentais que quelque chose m’attirait en Colombie-Britannique et les circonstances de ma vie m’ont permis de déménager à Vancouver. Après y avoir vécu plus d’un an, j’ai dû choisir entre rester ou revenir au Québec et j’ai eu l’impression que je devais rester en Colombie-Britannique.
Décris-nous tes premières années dans l’Ouest.
JD: J’ai éventuellement été mis au courant que le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique, qui est un organisme communautaire, cherchait un coordonnateur de projets. J’ai été embauché à ce poste, et je suis éventuellement devenu directeur général de l’organisme. Cet emploi m’a permis d’apprécier ma culture francophone au-delà de l’horizon québécois. La francophonie à travers le Canada est une belle communauté, qui ouvre l’esprit au niveau de la réalité de la culture francophone au Canada. Évidemment, cet emploi m’a aussi permis de garder mon français parlé sans le perdre dans un contexte anglophone.
Au niveau personnel, ma vie était plutôt caractérisée par le travail et les fêtes. J’étais habité par une anxiété et une confusion, car je ne savais pas comment répondre à cet appel qui m’avait amené en Colombie-Britannique. Ma vie était donc un cycle répétitif qui consistait à me lever, travailler, faire la fête et me coucher. Un jour, je me suis questionné à savoir « Est-ce vraiment le but de cette vie? Je vais vraiment faire cela pendant encore 60 ans? ». Cette sorte de confusion et d’anxiété, je l’apaisais en faisant la fête. Un jour, j’ai senti le besoin de freiner ce cycle; j’ai compris que cela devait cesser. C’est alors que j’ai rencontré Naomi.
Comment Dieu a-t-il utilisé ton séjour en Colombie-Britannique pour te conduire à lui?
JD: J’ai rencontré Naomi, qui a grandi dans une famille chrétienne et qui avait une foi vibrante et inspirante. Grâce à notre amitié, Naomi et moi avons entamé une longue conversation sur l’Évangile et la beauté de la grâce de Dieu. La grandeur renversante de Dieu m’a attiré à lui et m’a convaincu de m’y intéresser sérieusement. J’ai ensuite passé quelques mois à lire la Parole de Dieu, à aller à l’église et à discuter avec d’autres mentors. En 2004, Jésus s’est révélé à moi et je l’ai accepté comme Seigneur pour toute ma vie. Je me suis fait baptiser peu de temps après ma conversion. Deux ans plus tard, en 2006, j’ai épousé Naomi.
Comment s’est passé ton appel au ministère pastoral?
JD: Peu de temps après mon baptême, j’ai commencé à entendre l’appel de Dieu pour servir comme pasteur. Cette orientation pour ma vie m’intimidait énormément, car je ne voyais pas comment quelqu’un qui avait été sauvé dans la mi-vingtaine et qui n’avait pas grandi dans une famille chrétienne pouvait être qualifié pour exercer le ministère pastoral. Je n’ai pas répondu à cet appel initial et je n’en ai pas parlé avec Naomi. J’ai poursuivi ma formation dans le domaine de l’éducation et au bout de deux ans, j’ai clairement entendu l’appel de Dieu – pour une deuxième fois – à servir dans le ministère pastoral. J’ai décidé de partager ce que j’avais entendu avec Naomi et des mentors de confiance. Tous ont affirmé et soutenu que cet appel était la direction de Dieu pour ma vie. Ceci m’a donné la confirmation pour obtenir un diplôme en études chrétiennes, en 2013.
Appel à servir au Québec
Pourquoi viser l’implantation d’Églises plutôt que d’œuvrer dans une Église existante?
JD: Mon cœur est profondément touché par la réalité spirituelle du Québec où on voit un mouvement d’implantation utilisé pour transformer la vie des gens et leur destinée éternelle. Ces changements s’opèrent au niveau de l’Église actuelle et existante certes, mais Dieu semble m’avoir donné les outils pour l’implantation d’Églises, et je veux contribuer en ce sens.
Comment Dieu a-t-il utilisé le programme Immersion pour introduire une période de transition dans ta vie?
JD : À mi-chemin de cette première année, j’ai commencé à voir que Dieu utilisait mon parcours dans le programme pour me libérer de mon rôle de pasteur et pour m’appeler à entrer dans une croisée des chemins, qui me conduirait à servir comme pasteur principal ou comme implanteur d’Églises. Cet appel a de nouveau été confirmé par des mentors que Dieu a pourvus dans ma vie. En octobre 2018, j’ai donc démissionné de mon poste de pasteur à Northstar Church pour commencer le processus de discernement qui me mènerait à la prochaine étape de mon ministère.
Comment cette croisée des chemins a-t-elle été vécue par ta famille, par ton Église et par toi?
JD : Les gens du Québec ne comprennent pas pourquoi je reviens m’établir ici comme missionnaire. Pour eux, l’Afrique a besoin de missionnaires, l’Inde a besoin de missionnaires, car la situation économique y est nettement plus précaire. Mais pour mon entourage au Québec, il est difficile de comprendre que le Québec puisse avoir besoin de missionnaires. Pour eux, cela est insensé. Notre contexte est donc parsemé d’incompréhension face à notre entourage québécois.
Comment Dieu a-t-il utilisé la conférence nationale du Fellowship pour t’appeler au Québec?
JD : Quelques semaines après ma démission, j’ai assisté à la conférence nationale du Fellowship à Richmond, en Colombie-Britannique, en tant que délégué indépendant. Je sentais que Dieu voulait que j’assiste à cette conférence pour me donner sa direction. Lors de la première journée de la conférence, Norton Lages et Steve Cloutier ont présenté un exposé vibrant au nom de Mission Québec. C’est à travers cette présentation que mon cœur s’est brisé, constatant les nombreux besoins spirituels des Québécois. Le même matin, j’ai rencontré Norton et Steve, et nous avons entamé une longue conversation qui nous a tous menés à la conclusion que Dieu appelait notre famille à servir au Québec avec Mission Québec.
Qu’est-ce qui t’a marqué de la présentation de Steve Cloutier et Norton Lages à FNC 2018?
JD : L’accent de Norton! ?
Je n’étais pas sensible à la réalité spirituelle du Québec. Je crois que c’est leur façon de partager le besoin avec passion, l’objectif de déployer des ressources pour voir l’Évangile grandir au Québec, le fait que Norton était là comme un exemple de missionnaire appelé au Québec, la passion de Steve et Norton pour l’Évangile au Québec. On sent que leur cœur bat pour cela. Les statistiques de la réalité spirituelle du Québec m’ont ouvert les yeux. Dieu a utilisé cela comme un mégaphone pour me parler et me pointer une direction claire à prendre.
Pourquoi choisis-tu de t’investir au Québec plutôt qu’à un autre endroit peu atteint par l’Évangile?
JD : En Amérique du Nord, aucun endroit n’est adéquatement atteint par l’Évangile. Nous avons, au départ, considéré des opportunités en Colombie-Britannique, mais nous n’avions pas la paix de Dieu dans ces options. Dieu veut se servir de nous au Québec, nous en sommes convaincus.
Je crois qu’il y a quelque chose d’unique dans le fait que Dieu m’a appelé hors du Québec, qu’il m’a sauvé dans l’Ouest et m’a transformé ‒ et il continue de le faire ‒ pour ensuite me ramener au Québec pour contribuer à l’avancement de l’Évangile. C’est un moment privilégié pour nous et nous en sommes très excités.
Après quelques mois de préparation dans la prière, nous sommes prêts à nous installer au Québec en mars 2019. Nous y entamerons la prochaine saison de notre ministère, possiblement en tant qu’implanteurs d’Églises. Nous désirons voir Dieu utiliser nos dons et notre expérience pour annoncer l’Évangile au peuple le moins atteint en Amérique du Nord, le Québec.