Il est 10 heures 2 minutes. L’alarme de mon cellulaire sonne. Quotidiennement, peu importe le lieu ou la circonstance, j’incline la tête en signe d’obéissance. Je prie le maître de la moisson de susciter des ouvriers. Comme Jésus l’a enseigné dans le passage de Luc 10.2, j’intercède, car je crois en la gravité de cette pénurie. Le Seigneur lui-même, qui connaît parfaitement la moisson, nous demande de prier, car peu d’ouvriers s’avancent pour moissonner. Alors que je tiens pour acquis que mes prières susciteront des ouvriers québécois, je suis étonné par l’ingénieux plan du Créateur. Les serviteurs viendront de par le monde, pour évangéliser les citoyens de nos contrées. Au moins un a tout quitté pour servir le maître de l’humanité.
Depuis plus de trois ans que le pasteur Claude Laverdière et son épouse Suzanne prient et cherchent un ouvrier pour les remplacer à l’Église Baptiste Évangélique de la Grâce de Verdun. Cet ouvrier infatigable pour proclamer le nom de Jésus, si cher à son coeur, sent qu’il est temps de laisser sa place à la prochaine génération. Alors qu’il s’attendait à Dieu, il fut mis en contact avec un homme de Dieu qui semblait être le candidat parfait pour les circonstances.
Josué dos Santos Praça et son épouse Josilena vivaient une vie prospère et riche en bénédictions à Rio de Janeiro au Brésil. Fils de pasteur, diplômé d’un Baccalauréat en théologie, pasteur-implanteur, auteur et enseignant en counseling biblique et en leadership pastoral, Josué servait le Seigneur de tout son coeur. Au début de ses études, il n’avait aucune intention de devenir ouvrier à temps plein. Il connaissait les implications et les sacrifices d’une vie dans le ministère et il ne voulait pas marcher sur les mêmes traces que son père. Il refusait l’appel que d’autres voyaient clairement sur sa vie. Suite à plusieurs circonstances, Josué fut convaincu de laisser son emploi de directeur commercial dans une entreprise d’informatique pour se consacrer entièrement au travail de berger.
Bien que les épreuves monétaires, relationnelles et culturelles furent incalculables, le fardeau qu’ils portent sur leur coeur pour les hommes et femmes perdus du Québec est beaucoup plus lourd que leur souffrance personnelle.
Josué a ensuite implanté une Église où il rencontra son épouse qui accepta le Seigneur à cette Église même. Sept ans plus tard, 120 personnes se réunissaient chaque semaine pour adorer et servir Dieu ensemble. Lors d’une conférence missionnaire très connue au Brésil, le Seigneur toucha le coeur de Josué fortement. Il sentit l’appel de Dieu à quitter son pays pour une terre aride. Il ne savait pas laquelle, mais comme Abram (Genèse 12.1), Josué fut troublé de quitter tout ce qu’il chérissait, son Église et sa famille. Un mois plus tard, cette conviction s’est concrétisée lorsqu’il rencontra Norton Lages, un chrétien d’origine brésilienne qui oeuvrait déjà au Québec. Le couple fut ému de compassion à l’écoute des besoins et des statistiques troublantes du nombre de croyants au Québec.
Laissant derrière famille et amis, ils entreprirent un voyage vers l’inconnu. Bien que les épreuves monétaires, relationnelles et culturelles furent incalculables, le fardeau qu’ils portent sur leur coeur pour les hommes et femmes perdus du Québec est beaucoup plus lourd que leur souffrance personnelle. Leur amour pour les Québécois et une langue qui n’est pas la leur transperce toutes les barrières qui se dressent devant eux. Leur foi, leur douceur, leur amour et leur renoncement ont touché le coeur de plusieurs depuis leur arrivée. Dieu les a guidés et les a relevés à chaque instant de faiblesse. Avocate de profession, Josilena choisit le statut d’étudiante pour obtenir son visa. Elle travaille maintenant dans une pharmacie. Quant à Josué, il sert dans le ministère et travaille à temps partiel dans une épicerie.
L’histoire n’est pas terminée. Elle est loin d’être claire et planifiée parfaitement. Le Seigneur se révèle une étape à la fois. Ce couple bien aimé oeuvre et se fait former actuellement à l’Église 21. Depuis deux ans, ils apprennent le français et s’intègrent à la culture de la Belle Province. Un processus a débuté pour que Josué prenne la relève de l’Église de Verdun d’ici un an.
La moisson est grande. Difficile et ardue. Elle n’est pourtant pas impossible ni détruite. Elle est bien là et pousse tendrement et délicatement sous les regards du Créateur et de tous ceux qui prient pour le Québec.
Parfois, des intercesseurs sont envoyés pour venir nous aider, d’autres fois, les ouvriers naissent parmi nous. Qui sait d’où elle viendra la prochaine fois.
« La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. »